Programme  Poster session 1  abstract 814

La mine d’arsenic de Matra (Corse) et la contamination de la Bravona

Author(s): Julia-Laurence Culioli, J. Ferrandini, M. Ferrandini, J-M Furt, B. Khoumeri, C. Mori, A.Orsini, P-M Romani
Auteurs correspondants : Antoine Orsini et Julia-Laurence Culioli Laboratoire d’ Hydrobiologie UFR Sciences et Techniques Université de Corse 20250 Corte E-mail : orsini@univ- corse.fr jculioli@univ-corse.fr Tel : 04.95.45.00.30 Fax : 04.95.

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Session: Poster session 1
AbstractDans les années 80, les projets d’aménagement et de développement de la Plaine

Orientale de la Corse ont conduit l’Office d’Equipement Hydraulique de la Corse à envisager l’utilisation des eaux

de la Bravona. L’ouvrage prévu était un barrage dont la retenue aurait eu une capacité de 16.5 Mm3. En plaine, la

superficie irriguée supplémentaire aurait été de 5000 ha et les infrastructures touristiques (hôtels, campings) se

seraient développées.
Mais la contamination des eaux de la Bravona par l’arsenic et l’antimoine a entraîné l’

abandon du projet de barrage et remis en question la dynamique du développement agricole et touristique de la

Plaine Orientale.

L’origine de la contamination est l’exploitation d’une mine d’arsenic sur un affluent de la

Bravona à proximité du village de Matra. En 1913 la production de minerai atteint son maximum avec plus de 4000

tonnes par an. La société cessera son activité en 1944.
Entre l’ouverture et la fermeture de la mine le tonnage de

concentré extrait est estimé à 30000 tonnes soit 10 à 20000 tonnes d’arsenic élément. Le gisement de Matra, situé

en Corse alpine, est lié à un pli-faille qui présente un noyau de serpentine surmonté par des prasinites et qui

chevauche vers le Nord-Est les schistes lustrés. Le filon n’a été que partiellement reconnu sur une longueur de 500

m, une profondeur de 100 m et une puissance de 10 m. Après les gangues, la paragenèse comprend 10 espèces

minérales. Le minéral le plus important est le Réalgar (AsS). Stibine (Sb2S3) et Orpiment (As2S3) sont en quantité

moindre.


Cette contamination se traduit par des concentrations élevées en éléments arsenic et en antimoine,

dans l’eau (respectivement 2300 et 149 µg.l-1) et les sédiments de la rivière ainsi que par la bioaccumulation de ces

éléments toxiques dans les différents maillons de la chaîne alimentaire (Tableau).



[As] µg.g-1 [Sb] µg.g-1
Producteurs 515 72
Consommateurs d’ordre 1

402 51
Consommateurs d’ordre 2 42 32
Consommateurs d’ordre 3

<4.2 <1.1


La réhabilitation du site contaminé passe par la stabilisation des déblais de la mine

et le traitement des eaux. La phytorémédiation est une méthode de restauration des cours d’eau pollués en métaux

toxiques. Cette décontamination utilise des plantes hyper-accumulatrices comme les callitriches.

Nous sommes

ici confrontés à un cas d’école où une activité minière passée hypothèque le développement présent et futur de toute

une microrégion. Une telle situation est intéressante sur le plan scientifique car elle soulève des problèmes de divers

ordres qui justifient une approche à caractère multidisciplinaire : processus biologiques impliqués, cadre socio-

économique, formes de coordination autour d’une problématique partagée et aspects organisationnels.

Plus

généralement, ce cas atteste de la nécessité pour toute action de développement économique et d’aménagement du

territoire de prendre en compte la gestion de l’eau et des écosystèmes aquatiques. Dans les îles méditerranéennes, a

fortiori, où l’eau, ressource rare, s’impose de plus en plus comme un des, sinon le, facteur primordial du

développement.

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